À l’occasion de la COP 23 qui aura lieu à Bonn, nous republions cet article sur la permaculture comme approche innovante pour le développement de nos territoires. Issu du 5e Baromètre de l’Entrepreneuriat social, paru en janvier 2017, cet article a été écrit par Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes Avenir et par Hélène Le Teno, directrice entreprise chez Auxilia Conseil.
Appuyée par un comité scientifique composé d’experts agronomes et d’acteurs des filières, l’association Fermes d’Avenir a publié en octobre 2016 un plaidoyer de 150 pages. Il apparaît que, pour les territoires ruraux comme pour les territoires urbains, accélérer la transition agricole est à la fois une nécessité et une opportunité.
Un modèle agricole À repenser
Nombreuses sont les preuves qui appuient l’idée que notre modèle agricole conventionnel est à bout de souffle : très subventionné et ayant des impacts négatifs majeurs sur « le capital naturel » et la santé, notre modèle actuel repose sur des agriculteurs souvent épuisés et pour beaucoup proches de la retraite. Il devient donc urgent de penser et de réaliser une vraie « relance par l’agriculture ». À titre d’exemple en France, un tiers des exploitations maraîchères a disparu en 10 ans, et 40% des agriculteurs partiront à la retraite d’ici 2020. La dette moyenne d’une exploitation est de l’ordre de 150 000 euros. Les coûts liés aux pollutions agricoles, portant sur la santé sont de l’ordre de 7 à 30 milliards d’euros par an.
Une mobilisation commune
La demande de modèles agricoles plus durables est aujourd’hui synchrone et fortement croissante. Les acteurs sont toujours plus nombreux à souhaiter assurer un droit au mieux manger pour tous avec des produits sains, frais, goûteux, biologiques… Certaines collectivités locales cherchent notamment à développer un approvisionnement en produits biologiques et locaux dans la restauration collective. Fermes d’Avenir a été créée en 2013 pour s’attaquer aux défis agricoles actuels en démontrant qu’il est possible de créer une petite ferme maraîchère inspirée par la permaculture « à partir de rien » quand on est un NIMA (Non Issu du Monde Agricole). L’association cherche à développer et apporter des connaissances en permaculture, créer un réseau de plusieurs centaines de Fermes d’Avenir et animer un réseau social pour faciliter le partage et l’essaimage. Elle travaille notamment autour d’un concept baptisé « payculteur » : des catalyseurs de projets, entrepreneurs de territoires qui permettront de développer efficacement des « grappes de micro-fermes » en assurant un accompagnement dans la durée, favorisant ainsi le développement économique rural et l’essor des circuits courts.
Pour un impact plus global
L’expérience terrain des fermes du réseau montre désormais que la permaculture, inspirée du fonctionnement des écosystèmes naturels, est une approche réellement innovante et savante. Non chimique, résiliente et très productive sur des petites surfaces (3 à 5 fois plus productive à l’hectare pour le maraîchage), la permaculture gagnerait à être déployée partout en France. De jeunes actifs sont aujourd’hui prêts à relever le défi, comme le couple que forment Edouard Stalin et Linda Bedouet, installés en maraîchage en Normandie où ils cultivent 100 espèces de fruits et légumes sur 2 hectares. Une microferme modèle avec de grandes ambitions.
En 2015, Fermes d’Avenir a rejoint le Groupe SOS avec la conviction que l’entreprise sociale est un bon terreau pour l’essor de ces nouveaux acteurs agricoles. En choisissant de mettre l’efficacité économique au service de l’intérêt général, en l’occurrence via la préservation des ressources communes pour demain et l’offre d’une alimentation saine au plus grand nombre, Fermes d’Avenir met la notion d’activité à impact social et environnemental positif au coeur de ses intentions.
Le maintien et le développement de l’emploi rural tout comme l’approvisionnement des habitants en produits de terroir passe par des pratiques nouvelles, un ancrage territorial renforcé, et une forte dose d’innovation sociale et organisationnelle.
D’autres acteurs de l’économie sociale et solidaire, tels que la coopérative agricole et de territoire Fermes de Figeac, sont également des modèles très inspirants. Ils démontrent au quotidien que le maintien et le développement de l’emploi rural tout comme l’approvisionnement des habitants en bons produits de terroir passent par des pratiques nouvelles, un ancrage territorial renforcé, et une forte dose d’innovation sociale et organisationnelle, plus que technologique ou industrielle.
À l’échelle du pays, Fermes d’Avenir a évalué le potentiel de création de fermes à 25 000, avec une création associée de 160 000 emplois agricoles et 100 000 emplois indirects. Les bénéfices seraient majeurs : 33% des Français nourris en légumes biologiques et locaux, au moins 600 millions d’euros de dépenses de santé évitées par an, 1 milliard d’euros de création de valeur économique annuelle sur le territoire du seul fait de l’activité agricole, 80 000 hectares exempts de pollution agricole soit 20 à 80 millions d’euros par an de dépenses évitées pour les collectivités, des lieux de lien social intergénérationnel et de pédagogie active sur une alimentation saine et savoureuse.
Fermes d’Avenir a donc l’espoir de contribuer à la fois au renouveau de l’agriculture en zone rurale et périurbaine, mais aussi à une redynamisation en profondeur des territoires.
Maxime de Rostolan, Fondateur, Fermes d’Avenir et Hélène Le Teno, Directrice entreprises, Auxilia Conseil.